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Légendes oubliées et trésors disparus d’Atalantide

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31 octobre 2010

Les clés du coffre à secrets

La fatigue m'envahit, mais je veux absolument coucher sur un parchemin le récit de ces dernières heures, avant de rejoindre Selene.

Lorsque je suis rentrée de chez Nerakhme hier soir, le visage grave de mon père m'attendait. J'ai craint un instant qu'il n'ai deviné quelque chose concernant le départ de Nerakhme, mais c'était d'autre chose qu'il souhaitait s'entretenir avec moi. Durant le repas familial qui a suivi, mon père m'a annoncé que ma mère, mon frère Bixen et lui-même étaient parvenus à réunir assez de disques de Poséidon, pour m'envoyer à l'Académie d'Artisanat Traditionnel de l'Archipel passer le concours d'entrée.

Je me suis retenue de leur sauter au cou à tous pour laisser ma mère, terminer leur discours, tant ma joie était immense. Elle m'a alors expliqué que la somme réunie par le collège familial pour m'aider à réaliser mon rêve ne pourrait couvrir qu'un peu plus que le voyage, l'inscription au concours et la pension pour une demi-lune . Ce qui signifie que si je veux pouvoir aller étudier là bas, je dois impressionner suffisamment les artistes, artisans et sages qui vont se pencher sur mes capacités et évaluer mon potentiel, pour que non seulement ils m'admettent parmi leurs apprentis, mais qu'ils m'accordent une bourse d'étude. C'est un défi, mais je suis tellement transportée de joie, que je ne pense même pas au nombre de jeunes Atalantes qui nourissent le même rêve que moi et parmi lesquels seuls quelques apprentis au mérite jugé exceptionnel, recevront l'une des bourses convoîtées.

Après avoir remercié chaleureusement Bixen et mes parents, je ne pouvais pas attendre un instant de plus pour aller raconter ce qui m'arrivait à Nerakmhe. J'aurais pu essayer de la contacter par télépathie, mais non seulement je l'avais laissée trop préocuppée par mon propre départ pour être à l'écoute de mon appel, mais je tenais à lui remettre quelque chose avant son départ. Heureusement, ma mère a compris mon impatience à partager ma grande nouvelle avec ma meilleure amie, sans soupçonner la raison de son urgence et elle a seulement demandé à Bixen de m'accompagner. Je m'en suis voulu de ne pas lui dire la vérité dans un moment pareil, mais ce secret ne m'appartient pas. C'est celui de Nerakhme.

Avant de partir, je me suis précipitée sur mon grand coffret fétiche et j'en ai sorti la petite boîte en bois que m'avait confectionné mon frère et sur laquelle j'ai moi-même gravé le nom de Nerakhme. J'ai vérifié que dans la boîte se trouvait les deux paires de boucles d'oreille qui complétaient le cadeau que je destinais à ma meilleure amie pour sa très prochaine célébrétation de sa 17ème révolution de Gaïa. Mais je n'ai plus le loisir d'attendre ce jour pour lui remettre, maintenant. Alors, sur un parchemin, j'ai griffonné l'adresse de la maison d'accueil des voyageurs que mon père m'avait remise, ainsi qu'un petit mot: "écrit-moi ici" et et après avoir refermé la boîte, je l'ai glissé dans ma besace.

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Pendant que je marchais aux côtés de Bixen et qu'il me racontait des anecdotes de son dernier voyage et des gens tellements étranges, qui vivaient dans des grottes, qu'il avait vus là bas, je ne cessais de me demander si j'allais réussir à faire passer la boîte à Nerakhme durant notre brève rencontre, sans qu'il s'en rende compte.

Mais lorsque nous avons atteint notre destination, mes craintes se sont dissipées instantanément. Alors que nous approchions de la maison, Nerakhme est sortie de l'étable qui abrite les deux licornes de sa famille et Bixen m'a suggéré d'aller la voir pendant qu'il discuterait avec le père de Nerakhme. Comme je n'avais pas du tout envie de me retrouver en face de Saskara, j'ai saisi l'opportunité.

A toute vitesse, j'ai raconté mon histoire, puis j'ai sorti le coffret de ma besace et je lui ai remis. « J'avais préparé cela pour le jour où tu allais fêter tes dix-sept révolutions de Gaïa. Lorsque je l'ai fabriqué, j'ignorais que tu allais partir toi aussi. Mais j'espérais que ce serait mon cas à moi. Alors j'ai gravé ce petit coffret pour toi, afin que tu puisses y mettre les lettres que j'espère que nous allons échanger, puisque nous ne nous reverrons pas avant longtemps. Dans le coffret, il y a des boucles d'oreilles que j'ai fabriquées spécialement pour toi. Sur l'une des deux paires, Chaque boucle est ornée d'une petite clé, qui ouvre la serrure du coffret. Tu pourras ainsi tenir nos confidences et tout ce que tu souhaiteras, à l'abri des regards extérieurs. »

Nerakhme m'a étreinte longuement, puis elle a ouvert la boîte et en a extrait les deux paries de boucles d'oreiles en cuivre. « Elles sont magnifiques, s'est-elle extasiée. Ainsi, les clés de cet adorable coffre seront toujours avec moi au sanctuaire. Et je penserais à toi, étudiant toutes les techniques les plus raffinées de travail du métal et de formation de perles."

- Je vais aussi apprendre beaucoup d'autres choses, j'ajoute en riant. L'histoire de l'art et de l'artisanat de la civilisation atalante, la calligraphie des symboles anciens, l'art religieux... J'ai tellement hâte d'y être, Nerakhme!

  • On dirait que la prédiction du Txor'Idaï se réalise déjà, réplique-t-elle avec un sourire malicieux. »

    Je la regarde avec surprise. Je n'avais plus du tout repensé à cet épisode, mais elle a complètement raison. Le Txor'Idai était venu me porter un message, qui n'a pas tardé à se réaliser.

    « Que Poséidon soit à tes côtés durant ton voyage, me souhaite-t-elle solennement, en posant les paumes de ses mains sur les miennes.

  • Que Clito veille sur toi et te conduise au sanctuaire de Zaakrit» , je lui réponds, la voix tremblante d'émotion.

    Nous nous embrassons une dernière fois, avant de nous séparer. C'est une page de notre vie qui se tourne. Mais une autre va bientôt commencer à s'écrire et si nos parcours divergent pour l'instant, je sais qu'où qu'elle soit et où que je sois, Nerakhme sera toujours auprès de moi.

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Ainsi s’achève, exactement une roue de l’année après le lancement du blog pour Samhain 2009, la première saison des légendes de l’Atalantide.

Ankha et Nerakhme ne vous pas pour autant vous abandonner. Vos héroïnes vont bientôt revenir, mais sous une forme légèrement différente. Au lieu du journal que tenait Ankha et qu’elle glissait dans sa grande boîte à trésors avec ses créations artisanales, c’est à travers un échange de lettres entre les deux jeunes filles, désormais séparées par des journées de licorne, que vous découvrirez la suite de leurs aventures. Et de nouvelles créations.

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Les clés du coffre à secrets

Descriptif. Modèle 1: Petits charmes en forme de clés et perles fantaisie montés sur une petite estampe ovale cuivrée. Modèle 2: perles fantaisie montées sur une estampe en noeud de spirales cuivrées. 9€ en crochets, 10€ en clips (hors frais de ports).

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3 octobre 2010

Souffle de liberté

Je reprends ma plume après l'avoir laissée quelques temps, parce que depuis ma visite chez Nerakhme et l'apparition du Txor'Idai, nos vies à toutes les deux ont été bouleversées.

Lorsque j'ai retrouvé Nerakhme le lendemain matin en classe pour la leçon de botanique, elle semblait à la fois agitée et pensive. Heureusement, Ce jour-là notre professeur avait opté pour des travaux pratiques et nous as envoyés dans la nature avec la mission de rapporter au moins cinq plantes sur la liste d'une quinzaine qu'elle nous a données. Nerakhme et moi nous sommes évidemment associées et nous avons ainsi pu parler sans risquer d'être entendues.

Alors que nous explorions les buissons à la recherche d'un massif de sauge, mon amie m'a confié ce qui c'était passé chez elle après mon départ.

« Je me suis installée sous le chêne pour tresser un panier et alors, la solution m'est apparue comme évidente, me raconte-t-elle, avec une vive excitation dans la voix. C'est quelque chose qui tournait dans ma tête depuis des années je crois, mais que j'essayais d'enfouir pour ne pas causer de chagrin à ma mère. Mais si je ne le fais pas, je vais m'en vouloir toute ma vie. Je ne sais pas combien de temps je resterai, mais je dois aller dans un sanctuaire. Et je pars au plus tard dans trois levers du soleil.

Je la regarde comme si elle avait perdu l'esprit. Trois levers du soleil? Mais comment peut-elle tout quitter ainsi, de façon aussi précipitée?

« Tu veux aller dans dans un sanctuaire d'accord, mais comment?, je tente de rationaliser. Les sanctuaires ne sont pas indiqués sur les cartes destinées aux voyageurs. Ils sont secrets et surtout on y entre pas simplement en se présentant à l'entrée. Il faut y avoir été acceptée avant. C'est comme pour l'Académie d'Artisanat Traditionnel de l'Archipel, ce n'est pas tout de frapper à l'entrée, mais il faut que tous nos enseignants liés aux arts me fassent une lettre comme quoi je suis capable de suivre les cours. Et ensuite, ils me feront passer un certain nombre d'épreuves là bas, afin d'être vraiment convaincus que je possède les aptitudes nécéssaires.

En débitant mon discours à Nerakhme, je réalise que j'ai beau accumuler les pièces dans ma bourse, le moment où je devrais effectuer cette démarche se rapproche à toute vitesse. Mais si je veux avoir la moindre chance de figurer parmi les apprenties de la prochaine révolution de Gaïa, c'est dans moins de deux lunes que je dois faire parvenir mes parchemins à l'Académie. Et en même temps, me frappe en plein estomac l'évidence que je n'ai pas voulu voir jusqu'ici: c'est qu'en dépit des petits gains que j'ai accumulé depuis des lunes en vendant mes bijoux au marché et des piécettes que ma mère rajoute à chaque fois que je l'aide sur son stand, où en préparant certaines pièces simples de ses commandes, je suis encore très loin d'avoir accumulé assez d'argent pour payer la scolarité.

Une épée se vrille dans mon estomac à la réalisation de cette dure réalité, mais lorsque mon attention revient vers Nerakhme, la détermination que je lis dans son regard me montre que toutes les objections que j'ai soulevées ne semblent nullement l'atteindre.

« Domenka m'a donné une carte pour trouver le sanctuaire de Zaakriit, avance-t-elle d'une voix assurée. C'est le plus proche de Calabca, à seulement deux journées de Licorne. C'est un petit sanctuaire m'a-t-elle dit, mais c'est là que se trouvent Domenka et Euria. Au moins je connaitrais quelqu'un. »

Sur ces dernières paroles, une petite ride verticale se creuse entre ses deux yeux. Nerakhme a beau faire preuve d'une détermination certaine quant à son départ, c'est un grand saut pour elle.

« Et elle t'a assurée que tu y serais attendue? je poursuis par acquis de conscience.

- Elle m'a donnée une lettre, où elle recommande mon intégration.

- Et tes parents?

- J'aurais aimé qu'il m'accompagnent, mais ma mère n'acceptera jamais mon départ. Cela me brise le coeur mais je vais être obligée de m'enfuir. »

Mon coeur se serre en réalisant ce qui est en train de se passer. Nerakhme va se séparer du jour au lendemain de toute sa famille, de tout ce qui lui est familier, quitter le village dans lequel elle a grandi et qu'elle n'a quasiment jamais quitté. Et tout cela pour aller retrouver deux personnes qu'elle connaît à peine. Et vivre une vie dont elle ne sais quasiment rien. Une partie de moi est convaincue qu'elle a totalement perdu l'esprit, mais d'un autre côté, je la vois tellement malheureuse depuis des années, que je peux comprendre que la perspective de maîtriser ses pouvoirs la pousse à de telles extrémités.

Lorsque nous sommes revenues avec les branches de sauge et des cinq autres plantes demandées, nous étions les dernières à rejoindre le groupe. La leçon s'est terminée et nous sommes rentrées chez nous, presque en silence, chacune étant perdue dans ses pensées. Avant de la laisser descendre le petit chemin qui mène jusqu'à sa demeure pourtant, j'ai posé une dernière question à Nerakhme.

« Tu as dit que le sanctuaire où tu étais attendue se trouvait à une journées de Licorne d'ici. Mais comment comptes-tu t'y rendre?

-Sur Lezaeta », répond-elle du tac au tac. Elle me connaît depuis plusieurs révolutions de Gaïa. Je soupire intérieurement. Lezaeta est l'une des deux licornes que possède la famille de Nerakhme et s'enfuir sur son dos est une transgression de plus que Saskara aura du mal à pardonner à sa fille.

    « ce n'est pas un vol, poursuit-elle, lisant probablement mes réticences dans mes pensées. Lorsque je serai parvenue au sanctuaire, je la libèrerais. Les licornes savent retrouver leur chemin seules."

Je n'ai rien répondu et j'ai simplement fait un petit signe en guise d'au revoir à Nerakhme. Il n'y a plus rien à dire. Il est évident que sa décision est prise.

Sur le chemin du retour, des images dansaient devant mes yeux sans que je les invoque. Je voyais Nerakhme galoper sur sa licorne blanche, traverser les forêts. Et puis soudain les images ont changé. Il n'y avait plus ni Licorne ni Nerakhme, mais un bateau imposant, plus grand encore que ceux à bord desquels voyage Bixen. Et c'est moi qui contemplait la côte s'éloigner, entourée par une mer turquopise sur le pont d'un navire splendide qui brillait comme s'il avait été en or massif. Absorbée par ces images, j'ai trébuché sur une pierre qui m'a brutalement ramenée à la réalité. Mais je n'ai pas oublié pour autant l'impression de majesté laissée par le navire.

Lorsque je suis arrivée chez nous, ma mère était en plein travail. Pour l'accompagner, j'ai été chercher mon coffre et mon matériel. Dans le coffret, il y avait deux montures que j'avais repérées dans l'atelier de, qui m'avaient attirée et qu'il avait accepté de me céder il y a moins d'une demi lune. J'ai sorti les montures de mon coffret pour réaliser qu'elles me rappelaient exactement le beau vaisseau sur lequel je m'étais vue voyager. Je les ai parées de perles en or et en turquoise en pensant que le jour où je les vendrais serait le signe d'un grand voyage pour moi et je l'ai appelée souffle de liberté, autant par rapport à mon souhait personnel qu'en hommage à ce que traverse actuellement ma meilleure amie.

Au moment où je remettais les boucles d'oreille terminées dans mon coffret, mon père a poussé la porte de notre demeure. Il n'a regardée avec un visage inhabituelement grave. Si à cet instant, j'avais eu la moindre idée de ce qu'il voulait me dire, j'aurais été tout simplement renversée. Mais cette histoire mérite un autre parchemin, que je prendrai très bientôt pour vous la conter.

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Souffle de liberté

Descriptif: turquoises et perles métalliques, en verre et fantaisie, montées sur une estampe dorée. 11€ en crochets, 12€ en clips (HFP).

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1 septembre 2010

Présages du Txor'Idai

Je vous avais laissés, je crois, au moment où je m'étais décidée à suivre Nerakhme jusque chez elle, tant je sentais une réticence de sa part à affronter seule sa mère et à lui dévoiler les détails de notre rencontre avec les soeurs Laileb.

Lorsque nous sommes arrivées dans la maison de Nerakhme, celle-ci était totalement vide. Son père n'était pas encore rentré et la proximité de sa mère n'était trahie que par le grand chaudron placé au dessus du feu dont s'échappait une fumée odorante. Cela sentait tellement bon que j'ai réalisé soudain que notre aventure et notre longue marche m'avait donnés un faim de louve. J'adore la cuisine que prépare ma mère et aussi celle de mon père, qui n'a pas son pareil pour accommoder les merveilleux dons de l'océan. Mais la façon dont Saskara accomode les fruits, légumes et autres trésors de Gaïa m'a toujours titillé les papilles. C'est probablement ses connaissances de guérisseuse qui lui permettent d'associer les herbes avec justesse et subtilité. Dès mes premières rencontres avec elle, Saskara m'a enseigné que la guérison commence dans la coupelle. Ce que l'on mange est un remède en soi. A condition de bien le choisir et bien le cuisiner.

Alors que je m'enivrais du fumet qui s'échappait du grand chaudron au dessus du feu, Saskara a fait son entrée dans la maison. Elle portait un large plateau circulaire en bois, taillé dans une rondelle de chêne, que je lui vois souvent utiliser. Y étaient posés quelques jarres en verre contenant diverses herbes et deux petits pots comme ceux qu'elle utilise pour faire ses onguents. Il faudra que je pense à fabriquer des pots à onguent, je suis certaine que je pourrais en créer de plus jolis que ceux qu'utilise Saskara.

« Heureuse soirée à toi Ankha, a-t-elle lancé en me gratifiant d'un sourire accueillant. Est-ce que tu partageras notre repas ce soir?

Mais elle n'a pas attendu ma réponse. La mère de Nerakhme n'avait pas terminé sa phrase qu'elle se tournait vers sa fille. Son expression avait totalement changé et son visage s'était voilé d'une dureté que je n'avais pas vu chez elle depuis l'époque où Nerakhme et moi n'avions pas dépassé les huit révolutions de Gaïa et faisions encore pas mal de bêtises. Le regard que Saskara dardait sur sa fille était inquisiteur. Et Nerakhme était figée comme une statue de sel.

« Tu as rencontré des sorcières Laieb, Nerakhme, et tu leur as parlé. Je te l'avais pourtant interdit?, a lancé Saskara, accusatrice.

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J'adore Saskara, mais ses capacités de télépathe m'ont toujours mises un peu mal à l'aise. Je ne sais pas jusqu'à quel point elle peut déchiffrer mes pensées, mais il semble que sa fille ne peut avoir aucun secret pour elle. Et même si j''aime profondément mes parents, je détesterais l'idée que ma mère sache ce que je pense à chaque instant."

  • "Elles nous ont trouvées maman, elles nous ont détectées à distance, se défend Nerakhme, dont se dégage des ondes de panique qui me font vaciller. Qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse? Je ne peux pas cacher ce que je suis à des soeurs Laïeb!
    • Je comprends bien, Nerakhme. Mais tes capacités te contraignent à une certaine prudence.

    • Une certaine prudence! S'exclame Nerakhme posant brutalement sur la grande table circulaire, les écuelles en bois qu'elle avait sorties pour le repas. Mais à chaque fois que j'ouvre les yeux au lever de l'astre solaire, je me demande si je ne vais pas faire du mal à quelqu'un pendant sa course. Je vis dans la peur, maman. Je n’avais pas encore célébré ma cinquième révolution de Gaïa que je vivais déjà dans la peur.

    • Calme-toi, Nerakhme, lui enjoint Saskara, visiblement ébranlée.

    • Je déteste ce pouvoir, je te déteste, tempête mon amie, que je n'ai jamais vu dans un tel état. Pourquoi te ne le fais pas partir, puisque tu sais tout mieux que ces soeurs Laileb et que tu détestes ce pouvoir encore plus que moi.

    • Je ne déteste pas ton pouvoir et je ne cherche pas à le faire partir, Nerakhme. Il fait partie de toi et il est sacré. Si j’avais su à quel point cela te faisait souffrir, j'aurais passer plus de temps à t'aider à le maîtriser..."

    Les dernières paroles de Saskara m’interpellent. Heureusement, Nerakhme est beaucoup trop hors d’elle pour l’avoir détecté, mais je me demande comment Saskara -qui lit plus que jamais à la perfection dans les pensées de sa fille- aurait pu ignorer qu’elle était torturée par ses capacités et le mal que celles-ci pouvaient faire.

    "On a essayé, mais ça ne marche pas avec toi maman, poursuit mon amie, visiblement décidée à extérioriser tout ce qu’elle a sur le coeur. Tu me rends nerveuse. Avec Ankha j'arrive un peu à faire des choses. Mais je sais très bien que ça ne suffit pas. En suivant les indications de Domenka, j'ai tout de suite senti que je pourrais maîtriser ma capacité et vivre enfin comme tout le monde. Sans avoir à me cacher, à me demander si j'allais faire du mal à quelqu'un sans le vouloir.

    • Domenka, tu as bien dit Domenka ? »

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    Saskara s’est comme figée. Elle regarde fixement sa fille et ce n’est plus la colère qui est peinte sur son visage, mais la crainte. Une crainte que je ressens avec force et qui arrive vers moi par ondes d’une énergie particulièrement perturbante. Depuis que cette dispute a commencé entre elles, je réprime avec difficulté mon envie de sortir de la maison pour éviter la pluie d'émotions violentes qui s'abat sur moi. Mais je ne veux surtout pas laisser mon amie seule dans un moment pareil.

    « Oui, Domenka, poursuit Nerakhme, un peu calmée. C’est l’une des deux sœurs que nous avons rencontrées.

    • Tu ne lui as pas dit ton nom au moins, ni où tu habitais, au moins, Nerakhme?

    • Elle ne me l'a pas demandé », réplique Nerakhme

    Je suis à peu près certaine qu'elle n'a pas dit la vérité à ce sujet et si j'en ai la conviction, je doute que cela ait échappé à Saskara. Mais il semble que cette dernière préfère remettre cette discussion à plus tard, probablement quand elle sera seule avec sa fille.

    « Ton père va rentrer Nerakhme et Ankha n’est certainement pas venue jusqu’ici avec toi pour assister à nos désordres familiaux, avance Saskara.

    - Cela n’a aucune importance, j'objecte immédiatement. La journée a été très éprouvante pour Nerakhme. Il vaut mieux que je rentre chez moi.

    - Je te raccompagne », enchaîne Nerakhme, enchantée d’avoir un prétexte pour quitter l’intérieur de la demeure, surchargée des ondes de sa dispute avec sa mère.

    Une fois dehors, sous le châtaignier immense où nous récoltons chaque année les marrons par paniers entiers, Je pose ma besace et je prends les mains de Nerakhme. Elles tremblent encore.

    « Je n’en peux plus, souffle mon amie d'une voix épuisée. Il faut absolument que je fasse quelque chose.

    • Qu’est-ce que tu veux dire par là? »

    Nerakmhe hésite un moment avant de me répondre. Je la sens tiraillée par des sentiments contradictoires.

    « Peut-être que ma place est dans un sanctuaire, après tout, avance-t-elle avec un timbre tourmenté. Cela me brise le cœur par rapport à ma mère, mais je ne peux plus continuer comme ça. J’en ai assez, parce que je ne comprends rien à ses raisons et que je suis certaine qu'elle ne me dit pas tout. Si elle ne me fait même pas confiance, à quoi bon. Ce n’est pas comme si j’avais sept révolutions de Gaïa. »

    J'ai du mal à croire que c'est bien Nerakhme qui vient de prononcer ces mots, mais je suis obligée de reconnaître qu'elle n'a pas tort. Moi aussi je trouve la réaction de Saskara incompréhensible et si elle possède une raison légitime de garder Nerakhme des l'ordre des prêtresses Laileb, le moment serait peut-être venu de le partager avec elle. Je ne sais pas trop quoi répondre à mon amie, parce que je m'en voudrais de la ^pousser dans un sens ou un autre. Mais un événement imprévu me dispense de m'exprimer.

    Pendant que nous marchions vers la limite du domaine de la famille de Nerakhme, nous n'avons pas vu qu'un oiseau de grande taille volait au dessus de nous. C'est son cri, qui en fendant l'air tel un avertissement, nous fait lever les yeux de concert. Ce cri très rare, ne saurait être confondu avec un autre. Ainsi que sa forme et les couleurs vives caractéristiques de sa gorge et de son ventre viennent de nous le confirmer, il s'agit d'un Txor'Idai, oiseau sacré en Atalantide, mais que l’on trouve surtout dans les montagnes septentrionales.

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    Alors que Nerakhme et moi ne pouvons détacher nos regards du volatile, celui-ci descend en spirale vers nous. Je retiens mon souffle alors qu’il se pose en douceur sur l’épaule de Nerakhme, qui avale péniblement sa salive, incapable de prononcer un mot.

    L’apparition d’un Txor'Idai en Atalantide possède une signification particulière. Migrant d'une région à l'autre selon les saisons, le Txor'Idai est le plus grand voyageur à plumes de l'archipel et c'est ce symbole dont il est porteur. Son apparition est considérée comme un présage de voyage et s’il se pose sur quelqu’un, il signifie que c'est cette personne-là qui va entreprendre un grand voyage et que sa vie peut en être bouleversée.

    Ayant jeté l’un de ses inimitables cris, le Txor'Idai s’envole tout d’un coup.

    « Hé bien Nerakhme, j'avance en essayant de reprendre mes esprits. Si tu cherchais un signe ou un présage...

    - Attends », interrompt mon amie, qui suit l’oiseau des yeux.

    Doucement le volatile redescend en spirale une seconde fois. Mais c'est vers moi qu'il se dirige et sur mon épaule qu’il se pose, alors que je suis envahie par des impressions étranges. Brusquement, tout un tas d’images défilent devant mes yeux ou dans ma tête, je ne sais pas trop. C’est comme dans mes rêves la nuit, sauf que cela infiniment plus réel, plus net. Je vois un bâtiment imposant, sur la façade duquel se détachent des bas reliefs magnifiques, représentant des animaux que je n'ai jamais vus. J’aperçois également d’autres sculptures incrustées qui ressemblent à des outils, comme ceux qu'utilisent mon père ou Adei. Le bâtiment comportent plusieurs ailes et entre elles, il y a des tours. Au centre, se trouve comme j'en ai vu sur des gravures, une construction en forme de pyramide dont les reflets étincelants ne me trompent pas: elle est recouverte d’orichalque.

    Le bâtiment et la pyramide s'évanouissent très vite, alors que devant mes yeux se déploie soudain un port immense, une ville baignée par les flots majestueux de l’océan, avec des bâteaux aussi grands que ceux à bord desquels par mon frère Bixen, mais par centaines. Cela ressemble aux peintures que j’ai vues de Cliteia. Ou au rêve que que j'avais fait il y a quelques mois de la capitale de l'Archipel. J'ai l'impression d'avoir basculé dans un autre monde, lorsqu'une pression sur mon épaule me ramène à la réalité. Les serres du Txor'Idai se sont appuyées sur moi pour qu'il prenne son élan et le voilà qui s'envole dans un grand battement d'ailes majestueux, laissant tomber à nos pieds une ribambelle de plumes multicolores. J'ai presque envie de lui crier de revenir, tant j'aurais voulu continuer cette exploration qu'a provoqué sa visite, mais ma rêverie est interrompue par Nerakhme.

    « Apparemment Ankha, je ne suis pas la seule qui soit promise à un prochain voyage lointain », murmure Nerakhme, brisant le silence qu'a installé le départ de l'oiseau. Lorsque je lève les yeux vers Nerakhme, après avoir ramassé avec soin les plumes abandonnées par le volatile, je vois qu'elle me sourit, comme si elle savait quelque chose que j'ignore encore. C'est pourtant moi qui suis censée posséder des capacités de prophétie.

    En rentrant chez moi, je n'ai cessé de penser à ce qui s'était passé. Et j'ai décidé d'utiliser les plumes multicolores dont le Txor'Idai m'a fait don, pour fabriquer une nouvelle série de boucles d'oreilles. Je les mettrai sur le stand où ma mère me réserve désormais une place systématiquement, au prochain marché de Calabca. D'ici là, je reprendrai un parchemin pour vous confier la suite des aventures de Nerakhme et aussi les miennes, puisque le présage du Txor'Idai me concernait aussi.

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    Présages du Txor'idai

    Descriptif: plumes violettes, mauves, turquoises ou bleues, glissées dans un petit coquillage et ornées de perles en pierre (améthystes, Lapis, turquoises), en bois et fantaisie. 6€ en crochets, 7€ en clips hors frais de port)

    6 août 2010

    Confidences de Nerakhme

    Le temps a passé, mais ces derniers jours ont été tellement riches en évènements que je n'ai pas eu beaucoup de temps pour sortir mes parchemins. Je vous avais laissé alors que les soeurs Laileb venaient de nous quitter et de partir de leur côté, Nerakhme et moi avons alors ramassé nos affaires et entamé la longue marche pour rentrer chez nous. Le soleil commençait à baisser et dans un frisson, j'ai jeté ma cape sur mes épaules, alors que seul le bruit des vagues qui s'écrasaient en contrebas sur la falaise et les chants des oiseaux accompagnaient nos pas. Comme Nerakhme ne disait pas un mot, c'est moi qui ait fini par rompre le silence.

    « Alors qu'est-ce qu'il s'est passé, qu'est-ce que tu as fait avec Domenka?

    Entre deux cris d'un oiseau à la crête vert métallisé qui s'était posé sur l'énorme chêne qui ombrageait le sentier, Nerakhme a poussé un grand soupir.

    « ça n'a pas fonctionné. Tu n'as rien pu déplacer?

    - Si, justement.

    - Alors, tu ne contrôlais rien?

    - Si, si, mieux que les autres fois. Encore mieux que tout à l'heure avec toi.

    - On dirait que ça ne te fait pas plaisir... »

    J'évite de la regarder, mais je sens un flot d'ondes angoissées qui émanent de mon amie. On dirait qu'elle est tiraillée entre deux pôles, mais je ne comprends ni lesquels ni comment.

    « Si bien sûr, reprend-elle d'une voix chargée de lassitude. Je n'ai jamais aussi bien senti mon pouvoir qu'aujourd'hui, mais en même temps, qu'est-ce que je vais devenir maintenant que je suis démasquée?

    - Démasquée, mais par qui?

    - Par les sorcières Laileb, enfin!"

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    Sorcière Laileb? Depuis neuf révolutions de Gaïa que je la connais, je n'ai jamais entendu Nerakhme appeler ainsi les prêtresses Laïleb. A vrai dire, je n'ai entendu qu'exceptionnellement l'utilisation d'un tel qualificatif. Et si mes souvenirs sont bons, il s'agissait de la mère de Nerakhme, il y a des années. Nous ne devions pas dépasser les 10 ou 11 révolutions de Gaïa. Je ne le réalise qu'en me remémorant la façon surprenante à laquelle elle s'était référée aux soeurs Laileb et la méfiance qui émanait d'elle, que c'est à sa mère que pense Nerakhme depuis tout à l'heure. Et c’est par rapport à elle qu’un conflit bouillonne dans la tête de mon amie.

    « Nerakhme, est-ce que ta mère a eu des problèmes avec une soeur Laileb?

    - Quand elle va savoir ce qui vient de se passer, elle va me faire une scène et me traiter d'imprudente », réplique mon amie, sans répondre à la question. La seule chose qu'elle m'ait jamais demandé, c'est d'éviter à tout prix les sorcières Laileb. »

    En entendant cette ré^ponse, je comprends que j’ai visé juste. Mais ce que j’ignore c'est pourquoi?

    « Est-ce que ta mère t’a expliqué pourquoi tu ne devais pas avoir de contact avec les soeurs?

    - Elle m'a dit que si je parlais avec l'une de ces femmes, elles m'emmèneraient loin d'elle et qu'on ne se reverrait jamais.

    - Mais enfin Nerakhme, c'est ridicule. Les sœurs Laileb n’emmènent pas les jeunes filles dans leurs sanctuaires contre leur gré. Elles n’ont pas besoin. C’est un grand honneur d’être choisie et de toute façon, la plupart du temps, les apprenties ne demeurent dans un sanctuaire que le temps de leurs études. Seules une minorité d’entre elles reste dans un sanctuaire. Et celles qui le font, le font par choix.

    - En es-tu aussi sûre? »

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    (Modèle 2)

    Il me faut un instant pour rassembler mes idées, parce que Nerakhme ébranle mes plus fermes convictions. Entre les leçons que nous avons en en classe et les informations que j'ai reçues de ma famille, rien ne me porte à croire à une noirceur quelconque de la part d'un ordre de femmes hautement respecté et même vénéré, dans l'Archipel.

    « Nerakhme, la souveraine de l'Archipel, Athelia, est une prêtresse Laileb. Cela ne l'a pas empêchée de se marier. Et une amie de mon frère Bixen est allée dans un sanctuaire. A la fin de ses études, elle est devenue mugit’Ari et elle vit près de Cliteia avec son conjoint. »

    "C'est pour cela que tu n'étais pas là le jour où elles sont venue nous voir en classe, j'avance à tout hasard?

    - Oui, ma mère savait qu'elles allaient venir.

    - Comment?

    - Elle avait demandé à une amie, qui voit l'avenir

    - Une amie qui a été dans un sanctuaire?

    - ...Oui

    - Et qui en est revenue et vit librement?

    - … Oui

    - Alors, tu vois bien! je lance triomphalement.

    "Je ne peux pas te l'expliquer, Ankha, mais ma mère est convaincue que pour moi, ce sera différent », s'entête Nerakhme.

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    (Modèle 3)

    Je réfléchis un moment. Evidemment, ce que peux faire Nerakhme, ce n'est pas banal. Tout le monde peut lire dans les pensées, au moins celles de ses proches à des degrés divers. Et pas mal de personnes ont des r^êves prémonitoires plus ou moins réguliers et peuvent déchirer le voile de l'avenir de temps à autre. Mais déplacer les objets, c'est beaucoup plus rare. Est-ce que Saskara a craint que sa fille ne soient enrôlée chez les Mugit'Ari ? Mais pourquoi? C'est un très beau métier. Certains d'entre eux ont l'occasion de découvrir des contrées lointaines, d'admirer des paysages d'une beauté à couper le souffle. Si Nerakhme devrait devenir Mugit'Ari, je crois que je serais très heureuse pour elle. Pourquoi Saskara voit-elle les choses différemment? Il y a quelque chose qui m'échappe dans cette histoire, mais j'ignore de quoi 'il s'agit. Et ça me contrarie.

    En parlant, nous sommes arrivées à proximité des terres occupées par la famille de Nerakhme. Elle n'a plus qu'à dévaler la colline pour rejoindre la maison en pierre rose qu'elle habite avec ses parents, et dont je distingue les contours à travers les pins. Moi je dois poursuivre le long du chemin, mais j'hésite à laisser Nerakhme seule.

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    (Modèle 4)

    Mais cela ne m'a pas empêché de continuer à créer. Bien au contraire. Je pense tellement à Nerakhme et elle est tellement liée à ses boucles que je crée autour de ses petites plaquettes nacrées. Ma bourse s'est alourdie et je me rapproche de mon objectif, mais c'est une autre histoire que je vous conterai un peu plus tard. Elle s'imbrique d'ailleurs complètement avec celle de Nerakhme. Je reprendrai bientôt un parchemin, c'est promis.

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    Confidences de Nerakhme

    Descriptif: nacres, charmes argentées et perles fantaisies montées sur des plaquettes  nacrées blanches. Modèle 1: 9€ en crochets, 10 € en clips. Modèle 2 et 3: 8€ en crochets, 9€ en clips. Modèle 4: 7€ en crochets, 8€ en clips (hors frais de ports.

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    5 juin 2010

    L'éveil de Nerakhme

    Je crois que j'en étais restée dans mon récit au moment où Nerakhme avait accepté de tester ses capacités avec Domenka. Alors que Nerakhme et Domenka s'installent un peu à l'écart, j'en profite pour observer Euria. Encadré par de longs cheveux noirs, son visage en ovale donne une impression de grande sérénité. Son regard sombre est intense à chaque fois qu'elle le pose sur moi, mais il dégage beaucoup de bonté et par instant je sens percer une pointe de malice, qui rappelle que derrière sa réserve et son sérieux de prêtresse Laïleb, elle est aussi une jeune fille de mon âge. Même si je ne parviens pas à lire grand chose de ses pensées, je me sens à l'aise avec elle, en confiance. Je suis convaincue que ses intentions sont bonnes.

    Accueillant mon observation peu discrète avec un sourire, Euria décide de rompre le silence.

    « Ankha, puis-je vous poser une question?

    - Bien sûr, Euria

    - Domenka s'est concentrée sur votre amie, parce que les vibrations Mugit qu'elles a émises étaient très puissantes. Mais il n'y avait pas que sa capacité qui émettait dans cette pinède. »

    Je la regarde sans comprendre.

    « Il y avait la vôtre, Ankha, ajoute-t-elle calmement.

    Cette fois je suis totalement, abasourdie. Mais elle poursuit sans tarder, comme si elle s'attendait à ma réaction.

    « Vous arrive-t-il de faire des rêves étranges, Ankha. Ou d'avoir des visions lorsque vous priez un Dieu ou que vous méditez seule?

    - Parfois, mais...

    • Vous savez que vous possédez un don de prophétie, Ankha..

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    Je ne sais quoi lui répondre. Je suis consciente que c'est une prêtresse Laïleb en face de moi. Mais autant je me suis posée des questions sur la raison pour laquelle une personne comme Nerakhme n'était pas dans un Sanctuaire, autant il ne m'est pas venu à l'idée que je pourrais être concernée également. Mes capacités me semblent tellement... banales, insignifiantes par rapport à celles de Nerakhme.

    « Vous êtes consciente de posséder ce don, insiste Euria, entre autres. »

    Entre autres. Mais que veut-elle dire par là? Et puis, s'il m'est arrivé d'avoir mal au crâne lorsque Nerakhme tentait de maîtriser le déplacement d'un objet, je n'aurais jamais imaginé que quelqu'un puisse détecter mes dons de prophétie. Je me sens totalament décontenancée, alors que je regarde Euria, en ne sachant comment réagir.

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    « La soeur qui est venue dans votre école quand vous étiez plus jeune ne vous a pas proposé de rejoindre un sanctuaire?, poursuit-elle sans relâche.

    - Absolument pas.

    - Vous êtes certaine qu'elle ne vous a rien dit, Ankha. Elle n'a pas demandé à rencontrer vos parents ou discuté avec votre enseignante?

    - Je vous jure que je n'ai rien à vous cacher, Euria. Je peux comprendre votre réaction concernant Nerakhme, mais pour moi... Il ne s'agit que de rêves, de flashes, beaucoup de gens en ont.

    - A des degrés divers. Je ne veux surtout pas vous mettre mal à l'aise, Ankha. Mais deux jeunes filles présentant des dons dans un même village et du même âge qui sont amies et ni l'une ni l'autre dans un sanctuaire, je trouve que cela fait beaucoup comme coïncidence. Est-ce que vos parents avaient des raisons de vous garder près d'eux? Sont-ils artisans et les aidez-vous?

    Soudain, une image et quelques paroles traversent mon esprit. Je garde le silence, parce que cela ne me concerne pas, mais je viens de réaliser que Nerakhme n'a pas tout dit aux deux prêtresses. Et même à moi.

    Domenka et Nerakhme me sauvent d'avoir à répondre, parce qu'elles viennent de revenir vers nous. Toutes deux arborent un visage grave, alors que Domenka prend congé de nous. « Qu'il en soit donc ainsi »

    Depuis cette aventure, je n'ai cessé de fabriquer des boucles d'oreilles. Toutes me sont inspirées par Nerakhme et notre rencontre avec les prêtresses et contiennent ces petites plaquettes de nacre de différentes couleurs que j'associé à mon amie. Cette fois, ce sont les plaquettes cuivrées vers lesquelles je me suis sentie portée. Mais des trois paires que j'ai fabriquées, celle que je préfère est de loin celle à laquelle j'ai attaché les deux pendants en cuivre à la forme d'hippocampe que ma mère a bien voulu me céder.

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    Ainsi que je vous le confiait plus tôt, Domenka et Euria ont pris congé de nous après l'apparté entre Nerakhme et Domenka, mais mon histoire n'est pas parvenue pour autant à sa conclusion. Ma conversation avec Nerakhme a été très animée alors que nous marchions le long de la côte pour rentrer chez nous après cette sur^prenante rencontre. J'en partagerai tous les détails avec vous prochainement. Mais maintenant, je dois vous laisser, parce que c'est demain le grand marché de Calabca et je dois préparer tous mes trésors pour les exposer sur le stand de ma mère. Les printemps est bien avancé, les pièces d'orichalque s'accumulent dans ma petite bourse en peau et le temps sera bientôt venu de les compter pour savoir si je peux avoir une petite chance d'aller étudier à l'académie d'artisanat traditionnel l'année prochaine. Je suis particulièrement enchantée de mes dernières créations et à chaque fois que je les regarde, j'ai l'impression de voir le visage de Nerakhme, serein et apaisé et non plus soucieux et angoissé comme il l'est souvent.

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    l'éveil de Nerakhme

    Descriptif: plaquettes métalliques cuivrées, nacres, perles en bois et fantaisie. Modèle 1 et 2: 7€ en crochets, 8 € en clips. Modèle 9€ en crochets, 10€ en clips (hors frais de port).

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    De gauche à droite, modèle 1, 2 et 3

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    8 mai 2010

    Les talismans des prêtresses Laileb

    J'avais commencé à vous raconter la rencontre que nous avons faites, Nerakhme et moi, alors que je l'aidais à exercer sa capacité à déplacer les objets sans les toucher. Elle s'entraînait sur une grosse pierre, donc, lorsque deux femmes sont apparues devant nous.

    Ce n'est pas vraiment grâce à leurs vêtements de belle qualité que je les avais identifiées au premier regard. Mais plutôt lorsqu'elles se sont approchées de nous et que j'ai aperçu, d'abord accrochés sur les besaces en cuir clair qu'elles portaient en bandoulière, deux bijoux qui ne laissaient aucune part au doute. . A la besace de l'une d'entre elle, pendait un talisman formé d'un petit flacon de verre fermé par du liège sur lequel cliquetait avec douceur un dauphin en cuivre, emblème aussi connu dans l'archipel que le trident de Poséidon et qui avec l'hippocampe depuis plusieurs milliers de révolutions de Gaïa, l'un des emblèmes des prêtresses, soeurs, sorcières ou même Déesses Laileb, selon le nom que l'on choisit de leur donner. Sur le sac de l'autre femme, la plus jeune, j'ai aperçu le même type de talisman, avec la petite bouteille contenant un mystérieux liquide. A la place du dauphin, c'est un croissant de Selene qui cliquetait sur sa fiole bleutée, avec quelques perles qui résonnaient dans les mêmes teintes et n'avaient certainement pas été choisies au hasard. Seules les prêtresses Laileb portent ce type de talisman, même si certains artisans tentent parfois de s'en inspirer.

    Je vous ai déjà brièvement parlé des prêtresses Laileb. Et si je suis parfaitement honnête, je ne sais pas par où commencer si je dois les décrire. Dans l'Archipel, tout le monde sait ce qu'est une prêtresse Laileb. Mais comme la plupart des Atalantes, je n'ai eu que très peu de contacts directs avec des prêtresses, un seul en fait. Et je ne sais d'elles que ce que mes parents m'ont raconté ou les bribes que j'ai pu lire en posant mes mains sur les cristaux géants qui contiennent les données majeures sur l'histoire de notre civilisation.

    Je sais que les prêtresses Laileb existent depuis l'âge sombre de Bélial, ce leader religieux mégalomaniaque qui avec ses disciples fanatiques manqua de mettre fin à la civilisation Atalante. A l'issue de cette période trouble, les prêtresses Laileb ont été investies par le souverain qui régnait sur l'Archipel du titre de gardiennes des capacités mentales. A longueur de révolution de Gaïa, des soeurs écument les différentes îles de l'Archipel à la recherche des jeunes filles présentant les dons les plus prometteurs pour les emmener dans l'un leurs sanctuaires. Elles y recevront un enseignement de haute qualité, non seulement pour développer leurs pouvoirs, mais aussi dans d'autres domaines tels que l'histoire de l'Archipel et des autres peuplades de Gaïa, la géographie de notre planète et des autres corps célestes, les arts ou encore les mathématiques, l'art de soigner, ainsi que toutes les disciplines qui marient le développement du corps et de l'esprit. Etre choisie est un grand honneur, pour la jeune fille comme pour sa famille qui sera désormais comme lui sous la protection de Clito, la Déesse mère de l'Atalantide. Inutile de préciser que les prêtresses Laileb sont des personnes respectées et même parfois craintes en Atalantide.

    Mais respectées ou craintes, cela n'explique pas ce que font ces deux prêtresses dans notre sanctuaire à nous. Et surtout ce qu'elles nous veulent..

    « Bonjour jeunes filles nous sommes en voyage de reconnaissance et nos pas nous ont guidé jusqu'à vous, avance soudain la plus âgée, comme si elle avait entendu ma question et en ouvrant légèrement ses bras avec les paumes ouvertes, geste d'apaisement et de communication pacifique dans tout l'Archipel. Je suis Domenka et voici Euria, mon apprentie.»

    En écoutant celle qui s'est présentée comme Domenka, je réalise que ces deux prêtresses peuvent probablement lire l'ensemble de nos pensées. Je lève alors un bouclier autour de mes pensées, comme ma mère m'a appris à le faire lorsque je suis dans une grande assemblée ou en présence d'inconnus. Mais les deux femmes ne semblent guère s'intéresser à moi, elles ont les yeux fixés sur Nerakhme. Pour briser la tension, je prends la parole: « Heureuse de croiser votre chemin, Domenka et Euria. Je suis Ankha et voici mon amie Nerakhme ».

    - Ankha et Nerakhme, ce sont de très beaux noms. Habitez-vous dans la région, jeunes filles?, poursuit celle des deux soeurs qui a déclaré se nommer Domenka.

    - Nous sommes de Calabca, en effet.  Et vous, vous vous promeniez dans la pinède?», je hasarde à mon tour.

    Les deux femmes se regardent un bref instant et la plus âgée prend de nouveau la parole. « Nous étions prêtes à rejoindre le village d'artisans lorsque nous avons ressenti des vibrations importantes », répond-elle avec une ferme assurance. « Nous souhaitions rencontrer la personne qui les émettait », ajoute-t-elle en se tournant résolument vers Nerakhme, qui donne l'impression qu'elle voudrait rejoindre les racines du pin sous lequel nous étions assises. Elle est tellement émue qu'elle n'a pas actionné de bouclier. Mais si je ne reçois d'elle que des émotions brutes, je pense qu'il ne fait aucun doute dans mon esprit comme dans le sien que les vibrations dont parlent les deux soeurs dont celles que Nerakmhe a émises en déplaçant la pierre.

    « Je n'ai rien fait de mal, murmure-t-elle d'une voix tremblante.

    « Ce n'est pas ce qu'a dit Domenka, intervient la jeune prêtresse, dont nous entendons pour la première fois le son de la voix. Vous émettez des vibrations."

    Douce et apaisante, Euria a posé sa main sur le bras de Nerakhme: "Quel âge avez-vous Nerakhme?

  • - 15 révolutions de Gaïa répond mon amie, un peu calmée.
  • - Alors nous avons à peu près le même âge. J'ai fêté très récemment mes seize révolutions. Etes-vous pensionnaire du sanctuaire de Zakriit, Nerakhme?"
  • Zakriit est située à deux journées de Licorne de Calabca et c'est la ville importante la plus proche. Dans les environs, se tient l'un des principaux sanctuaires Laileb.
  • "Je ne suis dans aucun sanctuaire", répond Nerakhme, tremblante.
  • Les deux prêtresses échangent un regard. Une surprise visible s'est peinte sur leurs visages.

    «  Vous avez quitté votre sanctuaire?, interroge Domenka, sceptique.

  • - Je n'ai jamais été dans un sanctuaire », réplique Nerakhme.
  • Les deux prêtresses se concertent de nouveau en silence. Je comprend qu'elles n'échangent pas que des regards, mais qu'elles communiquent par télépathie.

    « Aucune prêtresse Laileb n'est venue dans votre école, Nerakhme, lorsque vous n'aviez que neuf ou dix révolutions de Gaia? »

    Cette fois, c'est moi qui répond à la place de Nerakhme: « Elle est venue, je me souviens très bien. Mais Nerakhme n'était pas présente ce jour-là. Elle était malade ».

    Les deux femmes échangent un regard, mais pas une parole. Je suis certaine qu'elles communiquent à notre insu, des choses beaucoup plus précises que ce que Nerakhme et moi pouvons échanger durant nos petites sessions.

    En tout cas, la petite tranche de mes souvenirs d'enfance que je viens de leur rapporter semble avoir répondu à une partie de leurs interrogations. Domenka se tourne vers Nerakhme avec une expression déterminée mais s'adresse à elle d'une voix apaisante: « Nerakhme, seriez-vous d'accord pour effectuer quelques petites expériences avec moi? »

    -Des expériences, mais quel genre d'expérience?

    - Du genre de celles que vous faisiez avec votre amie quand nous sommes arrivées. »

    Nerakhme se retourne avec moi d'un air affolé. Je ne sais quoi lui répondre mais quelque chose me dit que ces deux femmes ne nous veulent pas de mal et peut-être même qu'elles peuvent l'aider.

    « Je ne vous veux pas de mal Nerakhme et je pense même que je peux vous aider », reprend Domenka comme en écho de ma pensée. Les a-t-elles lues? Mais j'ai comme une impression différente, comme si cette fois c'était le contraire et que c'elle elle qui m'a ouvert son esprit, qui nous a ouvert son esprit, pour que nous puissions déchiffrer ses intentions.

    Comme pour me donner raison, le visage de Nerakhme semble s'être apaisé. Après un petit encouragement silencieux de ma part, elle se retourne vers les deux femmes: "d'accord, je veux bien essayer, mais je vous préviens, je suis plus dangeureuse qu'un griffon en colère.

  • - Je pense que je pourrais faire face, répond Domenka, alors que je crois déceler une lueur presque amusée dans son regard perçant. Si vous le voulez bien Nerakhme, nous allons nous installer toutes les deux ici."
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    Il se fait tard. J'adore écrire, mais j'étais tellement plongée dans mon récit que je n'ai pas vu le jour tomber, encore assez tôt à cette époque de l'année. La flamme de ma lampe de cristal vacille et la lueur de la lampe à huile sont tout juste suffisantes pour guider ma main sur le parchemin. Je poursuivrai bientôt mon récit, mais à la lumière du disque solaire. Parce que non seulement ni cette rencontre avec Domenka et Euria, ni ses conséquences ne sont encore parvenues à leur conclusion.

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    Talismans des prêtresses Laïleb

    Descriptif: talisman porte-clef composé d'un Flacon en verre peint (3 ml) fermé avec un bouchon de liège, et de perles en bois et fantaisie retenues par un élastique solide. 5€, hors frais de port.

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    6 avril 2010

    Nerakmhe face à ses pouvoirs

    Il n'y a pas de cours aujourd'hui, alors j'en profite pour terminer l'histoire que j'avais commencée sur mon précédent parchemin. Après que nous ayons quitté le site de construction du nouveau musée, j'ai entraîné Nerakhme vers une petite colline au sommet de laquelle se trouve une pinède charmante, avec une vue superbe en surplomb sur l’océan. Je me rappelais qu’il y a quelques années, j’avais été avec mon frère ramasser des noix dans se secteur où les noyers sont légion. Nous nous étions arrêtés sur cette colline et il avait joué de la paphrane, un instrument de musique atalante avec des cordes qui produisent un son très mélodieux. J’étais presque certaine que nous étions à une courte distance de marche de cet endroit magique.. Et j’y ai attiré Nerakhme.

    Lorsque nous sommes arrivées au pied d'un énorme pin parasol, Nerakhme s'est arrêtée un instant pour contempler le paysage. Puis elle a ramassé une pomme de pin imposante et parfaitement intacte -elle les collectionne depuis l'enfance et s'est retournée vers moi.

    «  C’est magnifique, Ankha. Merci de m’avoir conduite jusqu'ici. Je n'étais jamais venue.

  • - J'étais certaine que tu aimerais, j'ai répondu avec un léger sourire, en regardant tous les pins autour de nous, dont nous foulions les aiguilles mortes à chacun de nos pas. Je pensais aussi que nous ne risquions pas d'être dérangées ici et que nous pourrions peut-être, si tu le souhaites évidemment, renouer avec nos jeux d'enfance, à l'époque où nous tentions de transmettre les informations les plus précises possibles par la pensée. Et où tu essayais de me montrer comment déplacer des objets sans les toucher. »
  • Nerakhme a pâli et je me suis arrêtée net. Même si nous n'en parlons jamais, nous savons parfaitement l'une et l'autre pourquoi nous avons cessé ces pratiques. Et si c'est un souvenir douloureux pour moi, ce n'est rien à côté d'elle.

    Nous n'avions pas atteint nos dix révolutions de Gaïa et nous étions allongées au pied d'un grand chêne, près de la demeure de la famille de Nerakhme. Elle essayait de se concentrer pour déplacer un vase en grès que Saskara, sa mère avait déposé là pour le nettoyer. Je pense que Nerakhme n'avait jamais déplacé un objet aussi volumineux, du moins pas volontairement. Elle a d'abord réussi à le faire glisser sur un demi-pas, mais lorsqu'elle a tenté de le soulever, un oiseau est venu voler autour du vase. Nerakhme a paniqué, le vase a été comme projeté et s'est cogné contre l'oiseau qui est retombé, sans vie. Depuis ce jour-là, Nerakhme n'a plus jamais voulu manifester volontairement ses pouvoirs.

    « Tu es plus âgée maintenant et ici il ne peut rien arriver de fâcheux, j'avance, encourageante.

    -  Il peut toujours arriver quelque chose de fâcheux, me répond-elle d'une voix tout juste audible.

    - Nerakhme, est-ce que tu as l'intention de vivre toute ta vie ainsi, dans la peur du mal que tu pourrais faire, plus particulièrement aux personnes qui te sont le plus proches et le plus chères?

    - Est-ce que j'ai un autre choix? je ne contrôle rien!

    - Quand nous étions plus jeunes, je trouve que tu faisais des choses impressionnantes. Peut-être que tu serais capable de faire la même chose que les Mugit'ari.

    - Ils ont probablement suivi des années de formation...

    - Si tu n'essaies pas, tu ne saura jamais vraiment ce dont tu es capable. Si tu veux, on commence par l'un de ces exercices que l'on faisait toutes les deux, où tu fermais les yeux, je dessinais quelque chose.

    -Tu es beaucoup plus douée que moi pour cela. C'est toi qui voit les choses les yeux fermés et qui rêve de l'avenir. C'est mieux que d'être un danger pour ses proches.

    -Mais tu y arrivais aussi à l'époque.

    De ma grande besace en cuir, je sors l'un des parchemins que j'utilise pour nos cours. Peut-être que si Nerakhme retrouve le contact avec cette capacité-là, inoffensive, elle sera plus tentée de travailler l'autre: « Ferme les yeux et concentre-toi, je lui ordonne.

    Avec ma plume de griffon, je commence à tracer les contours d'une série de boucles d'oreilles qui me dansent dans la tête depuis que nous avons commencé à discuter des capacités de Nerakhme. A chaque fois que je suis avec elle ou que je pense à elle, j'ai envie d'utiliser des plaquettes de nacres. Et cela tombe bien, parce que j'en ai récupéré toute une collection grâce à la générosité de mon frère, que je coupe et je perce à l'aide des outils que j'emprunte à ma mère. Je n'ai pas de pigments avec moi pour rendre les couleurs sur le parchemin, mais j'imagine des plaquettes nacrées vertes, qui se marieraient si bien à la nature magnifique dans laquelle nous sommes. Je griffonne des motifs avec des perles en bois. D'un coup de plume je suis en train de rajouter le crochet en orichalque qui se nichera dans le lobe de l'oreille lorsque la voix de Nerakhme s'élève, et s'intègre, tellement musicale dans le chant des oiseaux et le reflux de la marée descendante que l'on entend de loin.

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    « Tu as dessiné de nouvelles boucles d'oreilles, affirme-t-elle. Il y en a trois paires et elles sont très belles. Je vois des plaques rondes, je crois qu'elles seront brillantes. Et d'autres plaquettes plus petites, qui ressemblent à des fleurs ou à de petites tablettes. Il y a des perles rondes. Ton dessin est en noir, mais je ressens du vert.

    - Nerakhme, maintenant ouvre les yeux très doucement. La pierre qui se trouve là bas, est-ce que tu la vois?

    - Oui, répond Nerakhme d'une voix apaisée, comme plongée dans un état méditatif profond.

    - Est-ce que tu pourrais essayer de la pousser vers le pin, doucement très doucement? »

    La respiration de Nerakhme s'accélère alors que la pierre frémit, mais ne parvient pas à se déplacer. Je l'entends soupirer de frustration, au moment où la pierre fait un bond vers le pin d'une longueur de deux pieds. Je sursaute involontairement et Nerakhme pousse un petit cri en écho.

    « Ça y a tu es arrivée, je lui lance d'une voix encourageante. Essaie de nouveau, mais plus doucement cette fois. »

    Nerakhme fixe de nouveau la pierre. J'ai à peine le temps de la voir se déplacer imperceptiblement lorsque je ressens une présence non loin de nous. Une présence forte. Je tourne la tête vers le chemin depuis lequel nous sommes arrivées et c'est là que j'aperçois deux silhouettes qui se détachent entre les pins. Ce sont deux femmes et elles s'approchent de nous d'un pas mesuré, mais inexorablement. Elles sont encore à une dizaine de pas, lorsque j'aperçois accroché à leurs besaces, des talismans caractéristiques. Le doute n'est pas permis sur l'origine de ces deux femmes. La seule question que je me pose c'est ce qu'elles font ici et par quel concours de circonstances elles sont en face de nous.

    Pffff.... Cette histoire est plus longue que je ne le pensais. Ma mère m'a demandé d'aller cueillir des tomates pour notre repas d'après le coucher du soleil et je vais devoir en rester là pour aujourd'hui. Je prendrais un autre parchemin bientôt pour vous raconter la suite.

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    Nerakhme face à ses pouvoirs

    Descriptif: plaquettes de nacre verte rondes, rectangulaires ou en forme de fleur, perles en pierre naturelle grassstone, perles de nacre, perles en bois et perles de rocaille fantaisie. De haut en bas et de gauche à droite, modèle 1: 10€ en crochet, 11€ en clips.  Modèle 2 et 3: 7€ en crochets, 8€ en clips, hors frais de ports .

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    23 mars 2010

    Mugit'ari

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    Mugit'ari

    Descriptif:  nacres vertes ou roses montées sur des structures métalliques couleur étain, avec de petits charmes de la même couleur.  7€ avec crochets, hors frais de port.

    Il y a quelques jours, alors que l’astre solaire parvenait à son zénith et que notre dernier cours venait de s'achever, Nerakhme et moi avons décidé de faire une grande promenade. Nous nous sommes enveloppées dans nos châles parce que le froid mordait. Puis, nous sommes sorties du grand bâtiment en pierre qui abrite durant la saison froide, l’éducation de tous les jeunes habitants de Calabca qui ont obtenu leur diplôme d’éducation primaire. C'est à dire, pour la majorité, après qu’il aient atteint onze révolutions de Gaïa.

    Au bord du chemin qui borde la lisière sud de Calabca. Nous nous sommes assises sur un rocher dardé par les rayons de l'astre solaire. Même en milieu de journée, on frissonne à cette saison si l’on reste à l’ombre. Nous avons déballé joyeusement nos provisions et de la petite boîte en osier que j’utilise pour transporter des denrées périssables, j’ai sorti un petit morceau de fromage, des abricots et deux lamelles de poisson séché.

    Ensuite, nous avons marché le long de la côte, à la lisière du village. Nerakhme et moi nous adorons explorer des lieux que nous ne connaissons pas, découvrir des clairières mystérieuses, de petites criques abritées du vent. Pour cela, évidemment, il faut s’éloigner beaucoup plus du village à dos de licorne. Mais ne disposant que de nos pieds, ceux-ci nous ont guidé vers le site où se construit le nouveau musée de l'histoire de l'Archipel et de la faune et flore marine et terrestre. J'ai toujours été fascinée par la façon dont on construisait les plus grosse bâtisses dans les villes. Evidemment, Calabca n'est qu'un petit village et il n'y en a pas souvent. Mais je suis déjà venue plusieurs fois pour admirer cette future batisse à mesure qu'elle sort de terre. Elle sera très belle, dans une pierre de la région d'une couleur ocre rouge. Elle est loin d'être terminée, mais on devine déjà son allure générale, avec des fenêtres majestueuses, qui tout au long de l'année, accueilleront la lumière naturelle. A l'entrée, a été érigée une immense statue de Poséïdon, le Dieu protecteur et fondateur de l'Atalantide, qui tient dans son poing fermé le trident emblématique de l'Archipel.

    Les ornements en étain forgé de la façade m'ont tellement plus, qu’à mon retour j'ai dessiné des entrelas sur un parchemin et que j'ai demandé à Adei de me fabriquer des moules et de me fondre des supports de boucles d'oreille selon ce modèle.

    Mais surtout, nous avons assisté à quelque choses de très rare. Nous avons vu les Mugit'ari travailler sur l'un des bâtiments annexes au musée. Alors que j’étais encore une petite fille, on m’a enseigné l’importance des mugit'ari, ou souleveurs de pierre en langue atalante des Anciens. Dès leurs plus jeunes années, les mugit'ari sont sélectionnés sur leurs capacités à déplacer des objets. Ils sont formés durant des années à développer ses dons, dans des académies dirigées par les prêtresses Laileb, qui maîtrise l'art de développer ces dons particuliers. Et lorsqu'ils sont parvenus à maturité comme ceux que nous avons observés autour du musée, les mugit'ari sont capables, lorsque qu'un nombre important d'entre eux se concentre sur le même objectif, de soulever des blocs énormes pour faciliter la construction.

    A côté de moi, Nerakhme était comme fascinée. Elle les regardait fixement, ainsi que les pierres aussi larges que la porte de notre demeure, qui s'élevaient avec grâce dans les airs pour aller se déposer en douceur sur le bloc précédent. Des ondes puissantes et contradictoires émanaient de mon amie pendant que nous contemplions de spectacle, abritées par le feuillage d'un noyer centenaire. Je me rends bien compte que le pouvoir qui se manifeste en Nerakhme, et qui lui permet de déplacer les objets d’une façon hératique et imprévisible, ressemble beaucoup à celui des Mugit'ari. Sauf qu’elle ne maîtrise absolument pas ses capacités. Je me demande d'ailleurs si quelqu’un pourrait enseigner à Nerakhme comment soulever des pierres et les déposer là où elles doivent se trouver dans un futur bâtiment.

    Au bout d’un moment, l’une des femmes qui dirigeait les opérations a semblé regarder dans notre direction alors nous nous sommes éloignées. Alors que nous marchions en silence sur le chemin Et tout d’un coup j’ai lancé à Nerakhme. Suis-moi, je sais où on va aller maintenant, lui ai-je alors annoncé, en attrapant son châle vert d'une main décidée.

    Il se fait tard, la journée a été épuisante. Mes yeux se ferment alors que j'actionne ma plume d'écriture de la main gauche pendant que je caresse de la droite les boucles d'oreilles en étain qui m'ont été inspirées par le musée en construction et la scène dont Nerakhme et moi avons eu le privilège d'être les témoins. Je prendrai un autre parchemin bientôt, pour vous raconter la suite.

    26 février 2010

    Quand Kemit s'éveillera

    Lorsque mon frère Bixen revient de ses longs voyages, cest évidemment un bonheur de le retrouver. Mais je ressens également à chaque fois une joie de petite fille, à le regarder déballer les maints trésors quil rapporte. Dautant plus quil y a très souvent un petit cadeau, voir plusieurs pour sa chère petite sœur.

    Mais cette fois, ce quil a rapporté a dépassé tout ce que nous avions vu. Sur le vaisseau d'Igon, le négociant pour lequel il effectue les tournées les plus lointaines, Bixen a visité pour la première fois les terres appelées Kemites, qui se trouvent loin vers lEst de lArchipel, sur un continent gigantesque au climat encore plus chaud que celui des petites îles de la pointe sud de l'Archipel de l'Atalantide. Sur ce continent oriental en revanche La civilisation est loin d’être aussi développée que celle de lAtalantide. Mais dans ses terres kémites, de part et dautres dun fleuve interminable, se cachent des trésors incroyables.

    Dans la grande pièce commune de notre maison où nous prenons nos repas, Bixen a étalé tout ses trésors. Il y avait de lor, de largent, des métaux précieux dune qualité remarquable. De la turquoise, encore et encore, dans des tons différents. En sortant merveille après merveille de son grand coffre en bois, Bixen nous parlait des terres Kemites. Il décrivait ses fleurs étranges à lodeur si suave, dont paraît-il on peut faire un breuvage au goût subtil- ses parfums rares et enivrant, dont il a rapporté quelques extraits pour la mère de Nerakhme. Il nous racontait les paysages étranges, le contraste entre les déserts arides et la richesse des bords du fleuve en crue.

    Après cette soirée, je suis allée mallonger sur ma couche, les yeux encore pleins de toutes les belles choses que javais vues et lesprit embué des récits de mon frère. Et la nuit qui a suivi, jai fait des rêves dans lesquels se succédaient des visions toutes plus suprenantes lesunes que les autres. Je suis que je visitais les terres kémite, mais ce que j'y ai vu, je suis certaine que Bixen ne ma pas parlé. Dans mes rêves, il y avait des bâtiments gigantesques, qui rappelaient les tombes en forme de pyramides des premiers souverains Atalantes. Moins hautes que cellles de l'Archipel, certaines des pyramides kémites avaient des parois parfaiement lisses. Elles étaient presque aussi imposantes que celles de la Triade, qui trône depuis cinq mille révolutions de Gaia à quelques heures de licorne de Cliteia, la capitale de l'Archipel.

    En ouvrant mes paupières le lendemain matin, javais peine à croire que je me trouvais bien dans notre maison et non pas dans un palais aux murs ornés de fresques lumineuses et de glyphes inconnus. 'avais l'impression d'être encore là bas, et de voir danser devant moi le visage d'un personnage à l'expression royale et aux yeux cerclés d'un épais trait noir. Quelle étrange façon de se farder. Et quel regard, quelle puissance et quelle dureté se dégageait de son visage. Je me suis levée et je me suis aspergée le visage et le cou de leau fraîche de la vasque qui se trouve près de ma couche. Dans ma tête, dansaient des modèles de bijoux. Ils allaient si vite que je ne parvenais pas à en fixer un. Et puis, j'ai arrêté cette succession d'images dans ma tête sur deux modèles que j ressentais comme familiers.  Jai dévoré quelques figues et jai couru à latelier d'Adei. Je lui ai commandé des structures martelées, dont j'ai griffonnés les formes sur un parchemin pour être certaine qu'il fabriquerait exactement ce que je souhaitais.

    Et après une attente qui m'a semblée interminable et de longues heures de fabrication, durant lesquelles j'ai orné les deux structures avec certaines pierres et matières rapportées de Kemit par Bixen, voici le résultat.

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    Quand Kemit s'éveillera

    Descriptif. estampe triangulaire: turquoises, perles de bois, de métal, de verre et chaînette dorée montée sur une estampe dorée. 13€ en crochets, 14€ en clips (hors frais de port). Estampe ovale: gouttes de verre, perles métalliques et nacres turquoises montées sur une estampe dorée. 10€ en crochets, 11€ en clips (hors frais de port).

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    11 février 2010

    Aube festive et multicolore à Calabca

    Le moment que j'attendais depuis plus d'une lune est enfin arrivé. Hier, ma mère m'a emmenée avec elle exposer au marché artisanal de Calabca. Nous sommes parties au lever du jour avec toutes nos marchandises soigneusement emballées. Lorsque nous sommes arrivées sur la place du marché, l'activité bourdonnait déjà. Il y avait là Khestos et ses magnifiques flacons de verre de toutes tailles et de toutes formes. Il y avait des étoffes magnifiques devant lesquelle ma mère s'est arrêtée un instant et qu'elle s'est promise d'examiner plus tard, lorsque je serai en mesure de garder son stand. Il y avait des assiettes et des plats en terre cuite peintes à la main et dans des formes toutes différentes, en étoile, en astre solaire, en croissant de Selène. J'avais envie de tout acheter, mais ce n'était pas pour dépenser nos plus précieuses pièces d'orichalque, mais bien pour en gagner, en vendant nos propres créations, que nous étions là.

    La main tremblante, j'ai disposé mes boucles d'oreilles, mes flacons et mes petites fioles pendentifs sur la partie du stand que ma mère m'avait assignée. Je n'avais qu'un petit espace, à côté duquel étaient disposés, les sacs, sandales, besaces et capes que vend ma mère, mais mon coeur battait à rompre à chaque fois que quelqu'un s'approchait ou s'arrêtait devant le stand.

    Ma mère avait déjà vendu deux petites bourses, qu'hommes ou femmes mettent à leur ceinture pour y glisser leurs pièces de monnaie, lorsqu'une très jolie jeune femme s'est penchée sur mes créations. Elle a essayé plusieurs paires de boucles d'oreilles, m'a complimentée et elle m'a acheté une fiole pendentif pour que sa fille, qui est encore bébé, puisse porter ses cristaux sacrés autour du cou, lorsqu'elle en aura l'âge. Comme elle était la première personne à m'acheter quelque chose, je lui ai offert un petit flacon décoratif. Plus tard, d'autres femmes se sont arrêtées, toutes les capes brodées de ma mère ont disparu avant que le soleil ne soit au Zénith et j'ai moi-même vendu quasiment tout mon stock. Ma mère était ravie, elle m'a confiée que cela faisait des lunes qu'elle n'avait pas fait un aussi bon marché. En l'aidant à ranger le stand, j'entendais les pièces d'argent et d'orichalque s'entechoquer avec un bruit délicieux dans la poche de ma jupe en lin. Ce n'est qu'un tout petit début, mais il me rapproche de mon rêve. Chaque pas compte.

    J'étais tellement enchantée, que ce soir en rentrant, j'ai terminé les deux modèles de boucles d'oreilles que j'avais commencés depuis quelques jours. Le dégradé de bleu truquoise à bleu foncé du premier modèle me rappelle les nuances de bleu de l'océan, selon les falaises, les plages, le port, l'heure ou les saisons depuis lequel on le contemple. Et cela me console d'avoir vu mon frère disparaître une fois de plus sur cet océan, pour  un long voyage. La saison froide approche ici et les seuls expéditions qui partent vont vers le sud, là où les températures sont encore clémentes. Quand au deuxième modèle, il m'évoque un lever du jour, quand toutes les étoiles s'éteignent une à une dans le ciel qui s'éclaircit d'une nuance à chaque seconde. Comme ce matin, quand nous sommes parties au marché.

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    Après avoir mis mes deux nouveaux modèles dans ma boîte, maintenant presque vide après ce marché festif, multicolore et chargé d'espoir, je suis sortie de la maison alors que la nuit tombait et j'ai été jusqu'aux limites de notre proprriété, au sommet d'un promontoire duquel on peut apercevoir l'océan. C'est là que notre famille a installé son autel dédié à Poséidon. Je lui ai laissé en offrande deux très beaux coquillages que j'avais ramassés lors de ma dernière promenade sur la plage avec Bixen. Et j'ai également offert une poignées des premières noix de notre plus beau noyer à Donaiki, la Déesse de la prospérité et de l'abondance, pour la remercier d'avoir été à mes côtés durant toute cette journée.

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    Aube festive et multicolore à Calabca

    Descriptif: Perles fantaisie sur une base argentée. 4€ en crochets, 5€ en clips (hors frais de port).

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    Légendes oubliées et trésors disparus d’Atalantide
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